Le cinéma de Jim Jarmusch - Philippe ABRIL
Au départ je voulais écrire un petit texte sur la poésie de ce cinéma si particulier (celui de Jim Jarmusch), mais voilà en furetant sur le net je tombe sur exactement ce que je ressens dans ses films...
Alors autant le rapporter tél quel...
Il nous faut retrouver un commerce avec le monde
et une présence au monde
plus vieux que l’intelligence
Maurice Merleau-Ponty
Si le monde de Jarmusch semble désenchanté, il en émane toujours de la tendresse et de la poésie, une étrangeté qui confine parfois au réalisme magique, accentué par les répétitions, les rythmes visuels et sonores, les mises en abyme, l'importance des références, qu'elles soient littéraires, picturales, ou cinématographiques, les effets de distanciation avec le réel, etc.
Embarqués, secoués, bercés, ennuyés, perplexes ou même parfois agacés : voilà l’état des
spectateurs qui viennent et reviennent voir les films de Jim Jarmusch. Ce réalisateur nous ouvre
simplement une porte pour regarder différemment puis nous laisse le champ libre. Il s’agit d'amener le spectateur dans un art qui ajoute de l'oxygène dans le monde et de le guider dans une forme complexe, dans des structures répétitives ciselées ou dans des vides limpides.
Regarder un film de Jarmusch c'est être pris mais rester sur le bord du cadre avec ce détachement
de personnages observateurs qui sont un peu en marge de l’action, comme nous.
Céline Murillo